Le blog : sortie et balades
Des paysages, des kilomètres et des vélos sur-mesure.
Micro-aventure dans le Sancy

L’histoire de Victoire est indissociable de Clermont-Ferrand et de l’Auvergne en général. Du sentier monotrace à fort dénivelé au col goudronné de montagne en passant par les pistes forestières au milieu des puys, notre région offre pourtant des possibilités infinies. Nous avons donc souhaité partager avec vous nos parcours préférés, où tous les membres de l'atelier viennent tester de nouvelles idées et explorer leur région de naissance ou d'adoption.
La trace que nous vous proposons ici peut être aisément adaptée selon vos envies et votre condition physique. Nous avons choisi la version adaptée à une soirée plus une journée avec bivouac, parce qu’elle peut s’adapter mêmes aux agendas les plus remplis. Une micro-aventure idéale pour couper le rythme et prendre un grand bol de nature sans abandonner famille et travail trop longtemps.

Pour télécharger le fichier GPX (lisible par les appareils GPS) de ce parcours, cliquez ici.

Ce parcours commence au Sud des monts du Sancy, emprunte deux cols auvergnats, avant de remonter toute la chaîne des Puys du Sud au Nord. Il fait 133 kilomètres pour 2.300m de dénivelé.
A la fois roulante et technique, cette trace offre une très grande variété de revêtements, et demande des pneus larges (au moins 45) et cramponnés pour les parties les plus accidentées de la chaîne des Puys.
Tout au long du chemin, de nombreuses possibilités d’hébergement et de restauration permettent de partir le cœur aussi léger que les sacoches !


Le départ se situe à la garde routière de Clermont-Ferrand. De là, (n’oubliez pas d’attacher les vélos dans la soute), un bus régulier rejoint la ville thermale de la Bourboule en une heure et quart. Située sur les rives de la Dordogne, au cœur du massif du Sancy, cette cité typique de la Belle époque mérite une petite visite avant de débuter l’ascension du jour.
Il y a environ 7 trains par jour, le premier à 10h10, le dernier à 19h48 (horaires à vérifier bien sûr !)
Plein Sud, la D645 sillonne en montant tranquillement entre failles rocheuses et forêts à l’Ouest du Puy de Chambourguet sur la commune de La Tour d’Auvergne. Au sommet de la montée de la Stèle (7,1 km d’ascension à 5,8% de moyenne), de nombreux départs de randonnées, des pistes de ski de fond, des pistes de VTT balisées, un espace pour laver les vélos et gonfler les pneus, et un hébergement tout confort : les cabanes des Volcans à réservation fortement recommandée.



Si vous préférez bivouaquer, deux options s’offrent à vous selon la météo du jour : les sentiers de VTT ou la petite route qui descend doucement vers un plateau de prairies humides ponctué de petits villages au pied de la magnifique chaîne des Monts d’Or qui perce au loin, avec le Puy de Sancy (1886m.) comme sémaphore.




Vous vous dirigez ensuite vers le petit village paisible de Chastreix, au coeur de la vallée de la Fontaine Salée. Vous quittez ensuite la route, toujours très tranquille et peu fréquentée pour de petits sentiers, en direction de l’entrée de la réserve naturelle, pour rejoindre un pré, idéal pour un bivouac avec vue !
Autre option, le long de la petite route, dormir dans une des tentes safaris ou des cabanes équipée de grandes baies vitrées de Terre d’horizon. Notez que cet hébergement dispose aussi d’un “P’tit café” pour de la restauration rapide de 16h à 20h le week-end et pendant les vacances scolaires.

Le Victoire 417, très polyvalent a été réalisé pour la Chris King Open House de 2019. A la fois gravel tout terrain grâce à ses pneus larges, et vélo d'aventure capable d'embarquer de nombreux bagages, ce vélo a parcouru plus de deux mille kilomètres sur les terrains les plus variés, des hauts plateaux du Vercors à L'Auvergne, en passant par les chemins de vignes de Touraine ou les petites routes forestière d'Île de France. Vous pouvez le retrouver en action ici.

Le Victoire 491 est son successeur. Le système de bagages a été totalement repensé pour encore plus de praticité et de polyvalence. Exit la sacoche de selle, nous avons conçu deux systèmes inédits de porte-bagages avant et arrière. Ces systèmes permettent de concilier la légèreté indispensable pour du bikepacking sur les chemins gravel, tout en conservant la solidité, la stabilité d'une randonneuse, gage d'un pilotage plus précis et d'une sécurité accrue. Pour ce bivouac, le vélo était équipé d'une tente ultra-légère à l'arrière, ainsi que d'un tapis de sol et d'un duvet sur les côtés du porte-bagage arrière.



Au réveil, prendre un joli petit sentier en suivant les panneaux de randonnée pédestre qui indiquent la direction de Picherande. Ce petit village dispose d’une fontaine d’eau potable, et de quelques commerces pour se restaurer dont un petit café aussi typique que sympathique.
La petite départementale poursuit sa route entre les Puys du Sud Sancy et quelques lacs comme le lac Chauvet ou le célèbre lac Pavin. Ce cratère presque parfaitement rond, formé il y a 7.000 ans, est profond de 92 mètres et alimente quelques légendes… C’est un endroit parfait pour une pause à l’ombre des arbres qui bordent ses rives. D’autant que la suite s’annonce assez musclée…


Mais vous passerez d’abord par le village de Besse. Entre ses passages voûtés, ses huit édifices médiévaux classés aux monuments historiques… et son fromager, ce village typique de la région, ancien fief des Médicis, mérite au moins quelques photos et pourquoi pas une nouvelle pause restauration !
En sortant de Besse, prenez la direction du Nord, vers la merveilleuse réserve naturelle de la vallée de Chaudefour où vous pouvez aussi faire une halte. Puis commence l’ascension du col de la croix Saint Robert.
Ce col, le plus haut du massif du Sancy (1451m), est très régulier par ce versant (6,5% de moyenne) et offre tout au long de la montée de 6km, des vues magnifiques sur le massif, sur le lac Chambon, le château de Murol et bien au-delà. A quelques hectomètres du sommet, le Buron de la Croix Saint Robert vous permettra si besoin de vous désaltérer et vous restaurer. Le paysage autour est impressionnant, entre steppes herbeuses et sommets.




La descente vers la station thermale du Mont Dore se fait dans les sous-bois sur une route légèrement abîmée. La prudence est de mise. Après tous ces paysages sauvages, la station paraît très animée. Encore une occasion de se ravitailler, voire de déjeuner d’une bonne pizza, avant d’attaquer le second col routier du jour : le col de la croix Saint Morand, plus roulant que le précédent (4,5km à 4,6% de pente moyenne). Attention cependant, si vous êtes chargés, l’enchaînement des deux difficultés et le long faux plat venteux au sommet peuvent s’avérer assez fourbes.
En haut de la Croix Morand, le Buron du col propose des repas copieux, fort appréciés en milieu de journée. Il faut bien ça avant d’attaquer la partie purement gravel de la sortie, très énergivore !

Pour vous lancer sur les chemins du Nord Sancy, revenez d’environ 200 mètres sur vos pas et tournez à droite dans le sentier pédestre balisé. C’est la fin du bitume : le revêtement est roulant, mais attention aux trous et autres pierres cachées : c’est à partir de cette portion que vos pneus larges vont être constamment mis à contribution. Les panoramas sur le Sud de la chaîne des Puys sont magnifiques et dégagés. Le puy de Dôme vous servira désormais de boussole et vous ne dévierez plus de votre axe presque jusqu’à l’arrivée !

Entre larges prairies et chemins de graviers face au Puys de la Vache et de la Lassolas et leur terre rouge, vous entrez dans une partie descendante de pilotage roulant. La porte Sud de la Chaîne des Puys s’offre à vous ! Une fois traversée avec prudence la D2089 qui descend vers Clermont, vous êtes partis pour un enchaînement de sentiers magnifiques à 1000 mètres d’altitude.

Arrivés au village résidentiel de Laschamps, vous traversez à nouveau avec prudence la route de Bordeaux et prenez un très joli chemin pour poursuivre votre périple en passant à l’Est des Puys. Cette partie de la forêt propose une navigation parfois déroutante, mais laissez-vous porter… Tant que vous ne remontez pas, tout est parfait. Vous effectuerez un étrange demi-tour récompensé par un mono-trace sublime, lisse autant que joueur, avant de poursuivre votre route vers le pied du Puy de Dôme.


Vous traverserez la voie ferrée du petit train touristique qui monte à son sommet avant de filer le log du golf d’Orcines jusqu’à Fontaine du Berger, sur des sentiers gravel “californiens”. Après une autre traversée de route, vous poursuivez votre périple dans une jolie forêt à l’Est du Puy des goules.
Traversez ensuite avec la plus grande prudence la route de la Nugère avant de prendre légèrement à l’Ouest vers le Puy de la Nugère que vous contournerez par l’Ouest.

Le sentier qui descend de là à Volvic est un régal pour les corps et les montures fatigués. Sinueux, ombragé, c’est un grand plaisir de pilotage qui vous attend. Il file rapidement vers les sources de Volvic, mais restez vigilants, quelques passages pierreux peuvent se révéler un peu traîtres. Méfiez-vous aussi car ces derniers sentiers du jour sont dans un parc proche de Volvic, le parc des sources. Il est donc très fréquenté le week-end par des randonneurs et des joggeurs.
La petite ville de Volvic peut être une bonne halte pour une dernière boisson fraîche avant le départ, avec ses ruelles de pierre noire, volcanique, célèbre dans la région et bien au-delà. Cette pierre extraite dans la carrières alentours depuis le XIIIème siècle, fait la renommée de cette petite cité auvergnate qui ne manque pas de charme.
Pour rejoindre la gare de Riom, idéalement située sur la ligne Paris-Clermont, il vous suffit de vous laisser glisser depuis le centre-ville vers Marsat, en empruntant un dernier petit sentier, puis sur la route, vers Riom, en seulement 7 kilomètres descendants. Le train pour Moulin, Vichy, Nevers, ou dans l’autre sens Clermont-Ferrand vous attend… et il prend les vélos non démontés !
Je l’ai testé, même pour un Parisien, c’est l’escapade idéale en seulement une journée et demie tout compris !
Nous vous proposons sur ce blog d'autres parcours au départ de l'atelier... ou presque, n'hésitez pas à venir nous rencontrer si vous décidez de vous aventurer sur l'un d'eux !

Le Touraine Gravel Challenge 2

Dimanche 12 septembre se tenait l’un des événements gravel les plus sympas et les mieux organisés de l’année : le Touraine Gravel Challenge, la TGC pour les intimes. Un périple de 168 bornes à 80 % sur les chemins de vigne et les sous-bois de la Touraine ensoleillée. Entre maisons troglodytiques et châteaux royaux, l’expérience fut aussi sportive que dépaysante pour mon frère et moi, plus habitués aux reliefs d’Auvergne et des Alpes. Et une chose est sûre, on y reviendra !

L’an dernier la TGC s’était tenue sous des torrents de pluie, et la boue des chemins de vignes, bien collante, avait rendu l’exercice périlleux. Cette année, pas de sacrifice humain nécessaire pour conjurer le mauvais sort : un grand soleil est annoncé sur la Touraine pur tout le week-end.
Après un social ride gastronomique le samedi après-midi, les participants peuvent choisir entre deux parcours le dimanche : un 80 km (la Gretel) et un 170 (la Hansel, car l’équipe d’organisation possède un humour hors-norme) pour découvrir les sentiers cachés de l’Est et du Sud-Est tourangeau.

Tout commence par un départ à la frontale à 6h30 devant l’hôtel « cycling-friendly » L’Étape 84, sur la mythique avenue de Grammont et ses inquiétants rails de tram, les petits groupes d’une dizaine traversent puis suivent la Loire endormie vers les coteaux de Rochecorbon. Cette petite bourgade aux nombreuses maisons troglodytes, cache des petits murs bien raides comme autant d’échauffements extrêmement dynamiques pour réveiller les participants. Après des bifurcations à angle droit qui cassent d’un coup l’élan des plus vaillants, deux cent mètres de pente sur des routes à peine assez larges pour un vélo, entre les vieilles maisons.
Les rires fusent en même temps que quelques mots doux et deux ou trois râles pendant que les dérailleurs hurlent de douleur. Le ton est donné pour la journée : nous sommes en Touraine, il n’y aura pas de col, mais ces ruptures sèches sont sacrément éprouvantes ! Et tout le monde en rigole comme une belle bande d’inconscients. La récompense est devant nous : le soleil se lève doucement sur le tuffaut avec lequel ces villages sont construits. Ces pierres blanches, calcaires, s’éclairent d’orangé et la Loire en contrebas offre de magnifiques reflets à l’horizon.
Passé les premiers villages, la trace s’évade presque définitivement de l’asphalte et replonge dans la nuit d’un petit bois, porte d’entrée des vignes de Vouvray. Ces chemins sont piégeux, surtout dans la pénombre, et quelques chutes sans conséquences viennent briser l’harmonie du train des faisceaux de lampes. Les ornières creusées par le passage des engins agricoles sont particulièrement traîtresses quand elles sont recouvertes d’herbe.

La concentration est à son maximum, et l’on voit avec soulagement le soleil monter doucement dans le ciel. L’allure augmente un peu dans les groupe quand les obstacles deviennent plus facile à anticiper et c’est le moment de caler son allure. Il reste quand même 130 bornes ! Pour avoir tenté de suivre un grand type au maillot bleu pendant quelques centaines de mètres et avoir grillé l’équivalent de deux chopines de gel énergétique, j’ai bien compris la leçon (le type en bleu en question c’est Jérémy Roy, le gros moteur du jour, un tout jeune retraité des pelotons professionnels, ce qui soulage un peu !)


Sortis des quarante premiers kilomètres de vignes, les groupes encore soudés traversent de nouveau la Loire par le pont d’Amboise qui offre une vue sublime sur le château où repose Léonard de Vinci.
Après une petite montée par les ruelles étroites de la vieille ville, voilà le premier ravitaillement, tenu par la famille de Fabien, l’un des organisateurs.


L’ambiance est sacrément bon enfant, tout le monde se fait prendre en photo devant le panorama en dégustant de quoi tenir encore 70 bornes avant le prochain ravito. Luxe ultime, il y a même un mécanicien, Dimitri, de Cycle Express 37, tout prêt à bichonner les mécaniques en souffrance !
Après cette pause remplie de chaleur humaine et de recharges énergétiques, la troupe prend la direction du Sud, direction la vallée de l’Indre et la magnifique ville de Loches. Et comme le dit l’expression locale : « On n’est pas rendus à Loches ».

Entre petites routes qu’on croirait réservées aux vélos, chemins de halages et singles en forêt, la trace est magnifique et passe devant le sublime château de Chenonceau, posé sur l’Indre comme s’il flottait. L’occasion pour beaucoup d’instagramer tout leur soûl, et de bien rigoler quand certains tentent bravement de caler leur monture sur le petit rebord qui longe un canal bien profond pour la gloire des réseaux sociaux.
Après cette rapide pause touristique, on repart vers le méconnu château de Montpoupon, caché au cœur d’une petite vallée creusée par deux ruisseaux. Les mini pelotons le surplombent en débouchant d’un chemin rapide, fait de cassures et de relances dans l’étroitesse d’un sous-bois à la fraîcheur sacrément bienvenue !


Après un passage reposant sur route entre large plaine agricole et prémisses de l’immense forêt de Loches, arrive l’un des passages les plus enthousiasmants du jour, et pas seulement parce qu’il précède le ravitaillement numéro deux !
Les pistes forestières et les petits singles VTT de la forêt de Loches sont un régal de pilotage où l’on ne regrette pas nos pneus larges. Puis une longue ligne droite ondulée de plusieurs kilomètres permet de lâcher les chevaux en même temps que les yeux du GPS, et de passer d’un groupe à l’autre selon l’aisance des uns et des autres sur les terrains cassants. A chaque dépassement, un petit mot amical, un sourire, l’esprit de la TGC est vraiment impeccable et partagé. Il reste soixante-dix bornes et tout le monde commence à sentir la somme des efforts déployés. Parce que cent bornes de gravel sur ce genre de terrain, ça entame même les plus volontaires.
En bons organisateurs sadiques, Fabien et sa bande n’ont eu aucune pitié pour leur troupe. La ravitaillement numéro deux a bien entendu pris place tout en haut de la citadelle de Loches. On aurait pu aisément deviner que le petit chemin sinueux qui monte entre remparts et donjon était celui qu’il fallait emprunter pour avoir une chance de faire une razzia sur un tas de figues et de bananes.



Ici encore une superbe ambiance règne dans ce cadre majestueux. Les beaux vélos défilent, tous très différents, du cyclo-cross au monster cross en passant par des bolides hybrides hyper agressifs.

Nos Victoire se font des copains et alimentent des discussions pointues. Et les blagues douteuses sur Loches, que l’on vous épargnera ici, maintiennent cette ambiance joyeuse qui porte le peloton depuis le premier kilomètre. Les poches du maillot remplies de bananes portées façon colt de cow-boy, nous voilà repartis vers le troisième cours d’eau majeur du département : l'Indre et ses paysages très différents.
Entre pistes blanches de style Strade Bianche dont la poussière se glisse au fond de la gorge façon plâtre, étonnants bois de pins qui nous transportent dans les Landes, le dépaysement est total. Il fait chaud et on profite des petits gués pour rafraîchir les montures avant de reprendre une bonne pente de terre de plus.

Deux passages pittoresques inattendus sont l’occasion de belles photos, par la team TGC, qui nous gâte aussi avec ce service-là pour de supers souvenirs. Ils surgissent appareil au poing sur un pont métallique ambiance Californie et tout le monde sort son plus beau sourire comme si les cent cinquante bornes passées n’avaient été qu’une petite promenade dominicale. Et que dire des ravitaillements sauvages au sommet des dernières pentes du jour ? Autre highlight du jour : un passage invisible sur le pont désaffecté d’une ferme en ruine, qui sent bon l’aventure…


Après une dégringolade par les pentes raides derrière l’église du joli village de Véretz, il est temps de reprendre les pistes qui longent le Cher vers les parcs urbains tourangeaux et de débouler, heureux sur l’avenue de Grammont pour rejoindre les premiers.
L’accueil tout en simplicité et sympathie est à la hauteur de la journée : une bière, quelques cadeaux, les mots gentils de Fabien et des autres participants pour chaque nouvel arrivant, une télé qui diffuse l’arrivée des Championnats d’Europe de cyclisme pour alimenter quelques discussions… de quoi parfaitement terminer cette belle aventure sportive et humaine parfaitement organisée. La trace aux petits oignons, la gentillesse de l’équipe, les services proposés… on a hâte de voir ce qui nous attend pour la TGC numéro 3 !

Pour ceux qui n’ont, comme moi, pas envie de repartir en voiture, il y a chaque jour quelques TGV de Paris ou Bordeaux qui acceptent contre une réservation de 10€, les vélos non démontés.
Chaque jour, l’aventure à vélo.

Romuald parcourt les routes de Bretagne sur son Victoire n°418. Surfeur amateur, il profite des sensations de glisse que lui apporte son vélo lors des ses longues sorties le long du Cap Sizun, un endroit sauvage propice à la méditation.
L'engagement de Romuald pour l'environnement et une consommation raisonnée, tournée vers le local, se traduit au quotidien dans la façon qu'il a de gérer les deux Biocoop qu'il dirige. Toutes ces valeurs, que nous partageons, sont visibles sur le site qu'il a créé : La maison biologique, agrémenté de très belles photos.
Romuald a souhaité partager avec nous un texte qu'il a écrit sur sa passion du vélo comme moyen de se recentrer sur l'essentiel. Une invitation à s'évader...
Le vélo a toujours fait partie de ma vie. Depuis ma plus petite enfance, j’ai pratiqué le cyclisme. Cette passion, je la dois à mon père, éperdument amoureux du vélo et de la petite reine.
« Coursier, il m’a transmis cette flamme pour le vélo et nous a porté haut les bras, mon frère ainé et moi, sur les routes de campagnes qui sont devenues des parcours d’entraînement et les courses du dimanche. Ma mère n’était pas en reste. Toujours bienveillante, elle m’a soutenu dans mes explorations et motivé dans mes épreuves, que ce soient les durs entrainements de l’hiver comme les courses les plus exigeantes. »

« Circuler à vélo est une ode à la liberté, c’est sans doute précisément là que j’ai forgé et ancré cette valeur si précieuse à mon cœur. Pédaler pour le plaisir de l’exploration et m’évader sur le tracé blanc discontinu des routes de ma campagne, c’est tout ce qui m’importait lorsque j’étais enfant. Le vélo a probablement été pour moi mon plus grand guide. Celui qui m’a ouvert le champ de tous les possibles, la quête de nouveaux horizons et cette envie irrésistible de toujours aller voir un peu plus loin ce que le monde veut nous offrir. Au grand dam de mes parents, il m’a poussé à prendre mes premières responsabilités, à commencer par celle de repousser les limites autorisées pour appréhender un nouveau cap et franchir un horizon jusque-là inconnu. »



« La promesse de mon compagnon à deux roues, c’est la quête des chemins qui restent à faire et à découvrir. C’est l’esprit d’aventure et ce bonheur de dessiner des courbes et de surfer les routes. Appartenir à cette communauté des rayons libres et du régime en selle, c’est ouvrir son cœur aux
émotions les plus nourricières. Pratiquer le vélo, c’est faire appel à tous nos sens et nous donner l’opportunité de voir le monde sous un nouvel angle, une nouvelle fenêtre. Décider de monter en selle, c’est aussi se donner l’opportunité d’entrer en communion avec l’éveil de la nature, à l’image de cette matinée photographiée où j’ai croisé le regard surpris d’un chevreuil à la recherche du meilleur feuillage et où j’ai côtoyé l’envol d’oiseaux marins dans la baie des Trépassés. Sortir à vélo, dès l’aube, c’est la promesse d’une lumière qui offre à la nature sa plus belle robe mais c’est aussi l’assurance d’une tranquillité sereine face à son humeur matinale et le roulis de son dérailleur. »
« Pour moi, pratiquer la bicyclette, c’est emprunter la juste vitesse pour lire le monde qui nous entoure. Se donner un bon de sortie à vélo, c’est prendre le pouls de la géographie du territoire qu’on explore. Ici, dans le Cap-Sizun, enfourcher son deux-roues, c’est partir à la découverte d’un archipel.
Emprunter les routes et chemins vous invitent à naviguer d’un village à l’autre, sur une perpétuelle houle bitumée ou caillouteuse, en flirtant avec les talus et sous-bois pour se jouer des caprices du vent toujours présent. L’acidité cumulée dans les cuisses vous témoigne de la topographie du territoire et vous invite à l’humilité et la gestion dans l’effort pour garantir un retour à la maison. »



« Un passeport pour la liberté, un moteur pour son éducation et son émancipation, le vélo est un formidable outil d’introspection. Au plus jeune âge, explorer le monde par le vélo développe l’intelligence pratique, l’esprit d’initiative, l’autonomie et l’endurance, j’en suis persuadé. Sa pratique
exacerbe nos fragilités et nous confronte à nos limites. Chaque journée passée en selle vous donne l’occasion d’explorer un peu plus loin qui vous êtes au fond. »
« Dérouler les kilomètres aiguise la ténacité et vous élève sur la route de l’attention, de l’habilité et de la clairvoyance. Le vélo affûte l’observation, l’esprit d’anticipation et de déduction. Activité de plein air à part entière, la pratique cycliste rejoint les disciplines du surf, de la course en pleine nature, de l’escalade, de la randonnée…en proposant à sa communauté une perspective plus large sur la vie qui donne plus d’ampleur à l’humanité. »
« Mes vélos ont été mes compagnons de route durant mon chemin de vie et ils continuent de l’être. Depuis mon vélo Gitane pour fêter mes six ans à mon vélo Victoire aujourd’hui, ils ont figé des souvenirs, marqué des moments de vie, laissé des empruntes, parfois même indélébiles, en témoignent certaines cicatrices. Ils m’ont invité à l’exploration, confronté aux apprentissages de la circulation, de l’orientation, ou encore de la mécanique. »

« En me portant dans l’action, mes vélos ont été le vecteur de mon émancipation, de mon feu intérieur, de mon éveil de conscience environnementale et d’une plus grande connaissance de moi-même. Mes vélos ont toujours fait partie de mon espace proche. Je crois qu’ils ont toujours été là, à portée de vue, comme un fil d’Ariane qui me lie à mon enfant intérieur en m’invitant à ne pas perdre cette espérance de l’évasion et de liberté. »
« Vous l’aurez compris, habiter le monde à vélo, c’est repenser notre présence au monde. Le vélo, vecteur de mobilité depuis plus d’un siècle, résonne plus que jamais comme une réponse aux défis de notre époque. S’autoriser à détendre le temps par l’adoption de cette mobilité, c’est aussi concevoir notre espace plus largement et renouveler l’imaginaire de nos liens, qu’ils soient sociaux, environnementaux ou territoriaux. Adopter ce régime, c’est agir sur le renfort de son métabolisme et de sa santé mentale mais c’est aussi protéger l’environnement et les espaces naturels pour les générations futures. »

Exploration des hauts plateaux du Vercors en gravel

Xavier, possesseur du Victoire N°417, a récemment parcouru les singletracks du Vercors en compagnie de son frère Aurélien, lui aussi équipé d'un gravel Victoire, et de Nicolas Joly, (un photographe avec lequel nous travaillons fréquemment, et dont vous pouvez retrouver plusieurs photos sur notre site). Cette traversée a fait l'objet d'une parution dans le magazine Bicycle Quarterly édition N°74 (disponible en cliquant ici), dont nous vous avions brièvement parlé sur notre blog il y a quelques semaines.
Voici le récit des aventures de Xavier, Nicolas et Aurélien.
Texte : Xavier d'Almeida
Photos : Nicolas Joly
Au mois de septembre, entre deux confinements, j’avais des fourmis dans les mollets. Après un été à sillonner les chemins gravel du Massif Central seul ou avec Julien Leyreloup, j’avais envie de changer de paysages.
Mon frère Aurélien, lui aussi heureux possesseur d’un gravel Victoire, a déménagé depuis peu sur le plateau du Vercors, à Villard de Lans, terre d’adoption d’un photographe bien connu de la marque auvergnate : Nicolas Joly. L’équipe parfaite pour une exploration était au complet. Après de nombreuses discussions avec Nicolas, fin connaisseur des lieux, nous optons pour une traversée gravel du Sud-Ouest du Vercors pour finir par la traversée de la réserve des Hauts Plateaux, la plus vaste réserve naturelle de France.

Je connaissais déjà cet endroit pour l’avoir traversé en ski nordique en tractant une pulka. C’est un endroit sauvage peu fréquenté, presque hostile, sans point d’eau ou presque, avec seulement quelques sentiers balisés… et des loups qui vous surveillent du coin de l’oeil. J’avais été vraiment impressionné de trouver leur traces dans la neige au petit matin devant notre cabane, et j’espérais secrètement retomber sur eux en cette fin d’été avec mon vélo.
Impossible de savoir dans quoi on s’embarquait. Environ 130 kilomètres de gravel, un point d’eau, entre 2200 et 3000m de dénivelé, un revêtement inconnu dans sa plus grande partie… Telles étaient les rares données en notre possession.
C’était l’aventure qu’il nous fallait pour une journée intense. Après un premier court aperçu de certaines zones quelques semaines plus tôt, nous étions sûrs que cette sortie serait épique. Pas besoin d’aller très loin pour trouver l’aventure : l’inconnu attendait des des membres du trio au pied de leur porte. Et moi je n’avais qu’à sauter dans le train de Paris, mon Victoire sous le bras.
Le récit de cette journée vient de paraître dans l’édition Hiver de l’excellent magazine « Bicycle Quarterly » de Seattle, racontée en anglais par Nicolas Joly qui sait décidément tout faire. En voici une version plus courte, plus orientée sur mes sensations au guidon de mon cher Victoire Chris King, le vélo le plus éclectique que j’ai jamais roulé.
Le rendez-vous est donné à 6h du matin, au sommet des Gorges de la Bourne, une route sinueuse entre deux falaises. Il fait frisquet et pour ranger nos affaires (ainsi que la nourriture bien nécessaire de la journée), Aurélien et moi sommes équipés de sacoches Helmut Equipement, le partenaire bagages de Victoire. Si le rendez-vous est très matinal, c’est parce que nous ne savons pas bien à quelle sauce vont nous manger les sentiers herbeux et les anciennes voies romaines défoncées du Vercors…

Très vite, l’aventure commence. Surtout pour moi. Ma lampe décide de me jouer un tour et me voilà forcé de me caler entre mes deux camarades pour profiter du rayon des leurs.
La stabilité de mon vélo m’émerveille et les sensations sont étranges. Je ne vois que le rayon lumineux de Nicolas et le parapet à ma droite, qui semble appeler ma pédale. Moi qui ne suis pas un grand descendeur, je me laisse porter par les trajectoires de Nicolas, j’ai l’impression de flotter dans l’obscurité. Je m’en souviendrai longtemps.
Le soleil se lève doucement sur les parois, la brume nappe les champs d’une épaisseur cotonneuse et les étoiles ressortent sur un bleu d’aube fabuleux. Nous avons tous le sourire aux lèvres, comme une belle bande d’inconscients.

Une fourche et nous laissons la route la plus fréquentée de la journée (au moins deux voitures croisées, un scandale !), pour remonter vers Saint Julien en Vercors dans un décor assez féerique. Après encore quelques kilomètres de route, nous attaquons ce que nous étions venus chercher : le gravel.
La piste qui monte au col de Carri est raide, rendue glissante par la rosée du matin, et nous avançons lentement. Je suis toujours sous le charme de la réactivité de mon cadre. Les crampons de mes pneus sont d’une aide précieuse, autant que mon énorme cassette Eagle, dont les derniers crans me permettent de garder un pédalage souple dans le dur. Et je me félicite d’avoir passé autant de temps sur mon VTT pour garder l’équilibre sur cette pente ponctuée d’énormes bûches !
Passé ce point de vue impressionnant, les choses se corsent. Single roulant, puis montant, puis technique avant une descente enduro, un de nos rares mauvais choix du jour.

La disposition anarchique et le tranchant des cailloux taillés comme des pointes de flèches du Néolithique ont raison d’un de nos pneus, mais j’avoue apprécier ce petit exercice technique. Ma peinture en portera quelques cicatrices, mes bras aussi. Heureusement l’acier de ma monture absorbe une partie des chocs, comme mes larges pneus sous-gonflés.
En bas, nous attend une nouvelle piste roulante avant une montée magnifique et raide au milieu des bois. L’ancienne route fait parfois apparaître son goudron entre deux plaques de mousse.

Comme le dit Nicolas dans son article, on se croirait dans un conte de fées.

D’ailleurs, surprise, au détour d’un virage nous attend une petite bicoque équipée de l’unique point d’eau du jour et… de très pratiques et propres toilettes sèches ! L’endroit rêvé pour une pause pique-nique.
Nous en sommes à 50 kilomètres, sereins, croyant que cette échappée serait plus facile que prévue.


Mais ce qui nous attend est effrayant. Passé le col, nous voilà dans l’ancienne voie romaine du Col de Rousset. Pentue, caillouteuse, on se fait sacrément balader sur cette voie tranchée à vif dans la falaise. Tout est vertigineux ici même les sensations, incroyables. Mes pneus de 47 font merveille, je me sens à l’aise et me réjouis encore de la versatilité de mon Victoire.
Après une petite remontée routière, nous passons la station de ski du col de Rousset, fantomatique en cet été finissant. Devant nous se dresse un mur herbeux qui monte pendant près de deux kilomètres, tout droit dans la pente, à près de 20 %. Braves bougres, on tente le coup jusqu’à ce que la gravité nous rattrape et nous force à pousser pendant près d’une heure, le long de ce raidillon puis, hors-piste dans les bois sur un revêtement instable, jusqu’en haut des pistes. Épuisés, nous n’avons avancé que de quelques kilomètres en une heure.

Seule la vue sublime qui s’offre à nous adoucit la légère inquiétude qui point sous nos casques. On le voit le Grand Veymont, là-bas, au loin, et il va falloir passer à son pied avant d’entamer la descente vers Villard de Lans !
Je connais ce coin en ski nordique, mais aussi à VTT. C’est le début d’un incroyable single descendant le long des balcons du Glandasse. Des souvenirs de glisse et de dérapages surgissent et me donnent encore envie de revenir…
En fait de glisse, nous allons nous retrouver sur un terrain cahotique qui ne nous épargnera, rien, surtout les épaules, les bras et les cuisses. Nos organismes déjà largement entamés, peinent à parcourir le moindre mètre. Chaque ligne droite sans un faux plat interminable dans ce désert de roches et de prairies ponctué de rares pins. On s’imagine presque être les futures proies des grands rapaces qui tournoient au-dessus de nous, ou des loups si on ne parvient pas à s’en sortir avant la nuit ! Le délire guette à mesure que les réserves s’amenuisent. Pas d’ombre, pas d’eau jusqu’au miracle d’un abreuvoir devant le dernier refuge de la réserve. Il faut bien l’avouer, malgré nos GPS, on est presque complètement perdus.
