La randonneuse modernisée de François
François est un amateur des randonneuses fabriquées en France au milieu du XX° siècle. Il roulait jusqu'aujourd'hui sur un Routens d'époque, et nous a contacté pour lui en construire une interprétation moderne. Nous avons imaginé avec lui le Victoire n°568, une randonneuse légère qui marie à la perfection composants modernes et feeling d'antan.
Pour ce projet, nous avons suivi un cahier des charges fidèle à la grande époque des randonneuses françaises sorties des ateliers de René Herse, Jo Routens ou bien Alex Singer. Les roues sont au format 650x38, le porte-paquet avant s'installe sur un décaleur.
Le cadre et la fourche seront bien entendu fabriqués en acier, et la selle est en cuir : le choix de ces matériaux offre un confort indispensable pour traverser la France le long de ses diagonales.
Seule petite entorse au règlement, nous avons utilisé des tubes fins, mais pas autant que ceux d'époque : au lieu du 25,4/28.6mm classique, nous avons utilisés des tubes Colombus Omnicrom de 28/31.8mm. La douille passe elle de 1’’ à 1’’1/8.
Le cadre du Victoire n°568 bénéficie des innovations que nous avons patiemment développées en fabriquant des cadres sur-mesure pour nos clients depuis des années. La lumière arrière est directement intégrée dans la patte de cadre, une innovation que nous avions présenté au Concours de Machine 2022.
François avait en tête une particularité esthétique pour son vélo : tous les éléments fixés sur le cadre le sont au moyen de pattes rapportées, et non pas sur des oeillets brasés. Ce détail apporte une esthétique résolument vintage au vélo, et n'avait encore jamais été présent sur un Victoire.
La fourche en acier est incurvée, dans l'esprit de nombreuses randonneuses d'antan. Cette forme facilite la déformation et l'absorption des vibrations provoquées par la route.
Pour alimenter lumières et petit appareillage électrique, la roue avant est pourvu d'une dynamo SON. Le courant est acheminé vers la lumière arrière aux moyens de contacteurs électriques spécialement conçu et fabriqués par nos amis de Rouge Mécanique, l'atelier pour cadreurs de Julien de chez Jolie Rouge. Ainsi, il n'y a aucun fil apparent de la tête de la fourche jusqu'à la lumière arrière.
Autre concession à la modernité : les porte-bagages sont en acier inox, plus durable et résistant à la rouille. Le porte-paquet arrière a été conçu sur mesure, en s'inspirant du porte-paquet actuel de la randonneuse Jo Routens de François. Celui-ci avait été pensé pour contenir une sacoche Berthoud destinée à être stockée dans un porte-bidon : celle-ci sera maintenant derrière la selle, et François pourra emporter 3 bidons. On ne sait jamais à quelle distance se trouve la prochaine fontaine !
La dynamo alimente les deux lampes. En plus de la lumière arrière intégrée au cadre, François sera éclairé à l'avant et pourra recharger téléphone et GPS sur la Sinewave Beacon, positionnée sous le porte-bagage avant.
Nous avons sélectionné une selle Berthoud, fabriquant historique de selles de randonneuse à Mâcon. Pour respecter l'aspect vintage, la tige de selle provient de chez Paul : moderne, mais avec un look classique.
Pour le choix des roues, c'est aussi un mariage de classicisme et de moderne. Les jantes en carbone Beast, fabriquée en Allemagne, accompagnent des pneus Loup Loup Pass de chez René Herse.
Les garde-boues font aussi la part belle à la modernité : ils sont en carbone, et ont été peint avec l'exact même bleu que le logo Victoire du tube diagonal. Ce détail permet de garder une esthétique cohérente sur l'ensemble du vélo.
Le choix de la transmission est lui aussi moderne, puisqu'il s'agit du Ekar de chez Campagnolo, le dernier venu des groupes gravel du fabriquant italien. Des freins à disque sur une randonneuse ? Et pourquoi pas?
Le jeu de direction provient de chez White Industries. Nous l'avons ici préféré au Chris King qui équipe beaucoup de nos vélos pour sa finesse, qui se marie mieux avec l'esthétique décidément classique de la monture de Fran çois. Pour le pédalier, c'est aussi le choix de la modernité qui s'est imposé, avec le magnifique CRS-POP de chez Ingrid, plus cohérent visuellement que les larges manivelles en carbone de chez Campagnolo.
Arrivé avec mes a priori, Julien a su les bousculer avec justesse, comprendre mes envies et les transformer en un projet cohérent, adapté à ma pratique de prédilection, la montagne. Discussion autour des choix techniques, étude morphologique, visite de l’atelier et rencontre avec Marco et Olivier : chaque étape nourrit la confiance, affine la vision et donne du sens à la création. Tout semble simple durant la conception… jusqu'à la mise en production, où s’installe cette légère inquiétude propre à tout projet sur mesure : celle de laisser la main. Mais dès l’instant où l’on confie la finalisation et l’accord des couleurs aux artistes, la magie opère.
Chaque détail se révèle avec justesse : la finesse des soudures, la pureté des lignes, l’équilibre général. Tout respire la maîtrise et la passion.
Chaque détail raconte une histoire, un échange, un ajustement. Derrière chaque choix, une patte usinée, une courbe de hauban, une nuance de teinte, se cache un dialogue patient entre ma vision et celle de l’artisan.
Avec Julien, nous avons partagé bien plus que des cotes et des plans. Il a fallu trouver des équilibres subtils : la géométrie adaptée à ma posture, la sélection d’un acier précis pour conjuguer confort et nervosité, la compatibilité des composants selon mon usage.
Ce vélo n’est pas seulement un assemblage habile de tubes par Marco, mais une interprétation commune de ma manière de rouler. Et c’est sans doute là que réside la signature de Victoire : transformer un projet personnel en œuvre vivante, à la fois technique et sensible. Dès les premiers tours de roue, je retrouve des sensations familières. Grâce à la qualité de l’étude posturale et à la parfaite traduction de mon cahier des charges, je me sens immédiatement à ma place. La position est juste, confortable, efficace dans les ascensions, et d’une précision rassurante en descente. Un vélo qui, dès le départ, donne l’impression d’avoir toujours été le sien.
